De nouvelles données indiquent un revers majeur pour la santé maternelle dans de nombreuses régions du monde, soulignant les fortes disparités en matière d’accès aux soins de santé.
Toutes les deux minutes, une femme meurt pendant la grossesse ou l’accouchement, selon un rapport des organismes des Nations Unies. Intitulé : « Trends in maternal mortality » (évolution de la mortalité maternelle), le rapport met en évidence des régressions alarmantes pour la santé de la femme au cours des dernières années, en effet les décès maternels ont augmenté ou stagné dans presque l’ensemble des régions du monde.
« Alors que la grossesse devrait être un moment d’immense espoir et une expérience positive pour toutes les femmes, elle demeure malheureusement une expérience extrêmement dangereuse pour des millions de personnes dans le monde qui n’ont pas accès à des soins de santé respectueux et de grande qualité », a déclaré récemment le Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). « Ces nouvelles statistiques montrent la nécessité urgente de garantir à chaque femme et à chaque fille un accès à des services de santé essentiels avant, pendant et après l’accouchement, et la possibilité d’exercer pleinement leurs droits en matière de procréation. »
Le rapport, qui recense les décès maternels à l’échelle nationale, régionale et mondiale entre 2000 et 2020, fait état d’un nombre de décès maternels estimé à 287 000 dans le monde en 2020.
« Pour des millions de familles, le miracle de l’accouchement est assombri par le drame que représentent les décès maternels », a déclaré Catherine Russell, Directrice générale de l’UNICEF.
En chiffres totaux, les décès maternels continuent d’être largement concentrés dans les régions les plus pauvres du monde et dans les pays touchés par des conflits. En 2020, environ 70 % de l’ensemble des décès maternels ont été enregistrés en Afrique subsaharienne. Dans neuf pays confrontés à de graves crises humanitaires, les taux de mortalité maternelle ont représenté plus du double de la moyenne mondiale (551 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes, contre 223 à l’échelle mondiale).
« Ce rapport nous rappelle une fois de plus qu’il est urgent de renouveler notre engagement en faveur de la santé des femmes et des adolescentes », a déclaré Juan Pablo Uribe, Directeur mondial pour la santé, la nutrition et la population à la Banque mondiale et Directeur du Mécanisme de financement mondial. « En prenant des mesures immédiates, en investissant davantage dans les soins de santé primaires et en mettant en place des systèmes de santé plus solides et plus résilients, nous pouvons sauver des vies, améliorer la santé et le bien-être, et faire progresser les droits et les opportunités des femmes et des adolescentes. »
Les principales causes des décès maternels sont les hémorragies graves, l’hypertension artérielle, les infections liées à la grossesse, les complications des avortements à risque et les affections sous-jacentes susceptibles d’être aggravées par la grossesse (comme le VIH/sida et le paludisme). Toutes ces complications sont en grande partie évitables et peuvent être traitées grâce à un accès à des soins de santé respectueux et de haute qualité.
Les soins de santé primaires centrés sur la communauté peuvent répondre aux besoins des femmes, des enfants et des adolescentes et permettre un accès équitable aux services essentiels tels que les naissances assistées et les soins prénatals et postnatals, la vaccination des enfants, la nutrition et la planification familiale. Cependant, le sous-financement des systèmes de soins de santé primaires, le manque d’agents de santé formés et des chaînes d’approvisionnement déficientes en termes de produits médicaux menacent les progrès.
« Il est inacceptable que tant de femmes continuent de mourir inutilement pendant la grossesse et l’accouchement. Il est inadmissible que plus de 280 000 décès soient enregistrés en seulement une année, », a déclaré la Directrice exécutive de l’UNFPA, Dr Natalia Kanem. « Nous pouvons et devons faire mieux en investissant de toute urgence dans la planification familiale et en comblant la pénurie mondiale de 900 000 sages-femmes afin que chaque femme puisse obtenir les soins vitaux dont elle a besoin. Nous disposons des outils, des connaissances et des ressources nécessaires pour mettre fin aux décès maternels évitables ; ce dont nous avons besoin désormais, c’est d’une volonté politique. »
Il ressort du rapport que le monde doit accélérer considérablement les progrès pour atteindre les cibles mondiales consistant à réduire les décès maternels, faute de quoi la vie de plus d’un million de femmes supplémentaires serait menacée d’ici 2030.
Le rapport a été élaboré par l’OMS au nom du Groupe interorganisations pour l’estimation de la mortalité maternelle des Nations Unies qui comprend l’OMS, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), le Groupe de la Banque mondiale et la Division de la population des Nations Unies du Département des affaires économiques et sociales.
Boss Lady Afrique